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Ne tente rien

Ne tente rien

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Même s’il revendique être coureur, Makasu ne se permet pas tout. Tshibo est désormais mariée. Il sait qu’il ne peut plus sortir avec elle, même s’il a bien remarqué que «l’amie de la Saint Sylvestre» n’écartait pas totalement cette option.

Après les retrouvailles à Ngwasuma, les deux se sont revus trois fois.

«Toujours en public», a tenu à préciser Makasu, interrogé par son ami Libanais.

C’est vrai que c’était en public. C’est vrai qu’il ne s’est rien passé. C’est vrai aussi que Makasu et Tshibo ont bien des centres d’intérêt communs qui leur permettent de discuter des heures durant sans qu’il ne soit question d’amour ou de sexe.

Mais, comme l’a noté Libanais, c’est vrai aussi que pendant leurs longues conversations, les regards qu’ils se lancent laissent penser que cette amitié, même si elle est physiquement chaste, traduit plutôt une déception. Celle de deux jeunes qui auraient bien voulu être plus que simplement des amis mais qui ne le peuvent pas.

Peuvent-ils faire autrement ?

Libanais en est convaincu : tant que le mariage n’est pas consommé, Tshibo peut encore se désengager. Pour l’instant, la jeune femme n’ose l’imaginer. Makasu la comprend. Mais il lui arrive aussi de penser à convaincre son amie de tenter au moins quelque chose.

Mais entre-temps, il joue le parfait ami. Celui qui écoute, conseille et console. Car, Tshibo a de plus en plus de mal à accepter ce mariage auquel il s’est résolu pour faire plaisir à ses parents.

-Tabu est un bon garçon, si j’en crois tout ce qu’on m’a dit à son sujet et son comportement depuis qu’on se parle au téléphone, tente de plaider Tshibo.

-Au téléphone, tout le monde peut être charmant, proteste Makasu.

La discussion s’arrête généralement à ce niveau-là. On sent bien que chacun voudrait la poursuivre. Mais aucun des deux ne veut donner le sentiment qu’il souhaite la fin de ce mariage qui vient à peine d’être célébré.

«Célébré mais pas consommé», continue de soutenir Libanais.

L’argument, soufflé dans un premier temps pianissimo, revient de plus en plus avec insistance quand les trois se retrouvent le soir, derrière la boutique de Libanais sur Kimbondo, autour d’un verre.

-Je ne vais quand même pas divorcer après quelques semaines de mariage, feint de protester Tshibo qui est de moins en moins insensible à cet argument.

-Au sens strict, ce n’est pas un divorce, argue Libanais.

Makasu laisse causer. Il ne dit rien. Il laisse travailler les arguments de son ami qui, petit à petit, commence à produire de l’effet.

Invitée par sa belle-famille, Tshibo a refusé d’aller s’y installer.

Officiellement, c’est parce qu’elle attend le mariage religieux et civil avant de quitter le toit paternel. Même si la situation embête ses parents, ces derniers ne peuvent rien y opposer. C’est eux qui ont érigé cette pratique en règle immuable. Tous les couples dont ils ont parrainé le mariage ont attendu l’office religieux à l’église avant de se mettre ensemble. Ils ne peuvent donc pas s’opposer à la décision de leur fille.

Mais Tshibo a autre chose en tête. Elle veut se donner du temps. Et surtout de la liberté. Même si elle ne le dit pas ouvertement, elle pense pouvoir encore changer le cours de l’histoire. De son histoire. Elle s’en est ouverte à sa sœur cadette.

Massé et elle sont très proches, malgré leur différence d’âge. Dans la famille, entre les deux, il y a deux garçons et une autre fille. Mais Massé et Tshibo ont développé une complicité qui permet à l’une de s’ouvrir à l’autre sans jamais craindre d’être trahie.

-Je ne veux pas de ce mariage, Courta.

-Dis-moi quelque chose que j’ignore, Longa.

Massé mesure 1,65 mètre. Tshibo, 1,87 mètre. Depuis leur plus jeune âge, elles ne s’appellent que par ces surnoms alors que pour tous les autres enfants de la famille «Ya Tshibo» est de rigueur pour designer l’aînée.

-Quand as-tu su que je ne voulais pas de Tabu ?

-Ce n’est pas de Tabu que tu ne veux pas. C’est contre ce type d’arrangement que tu t’ériges. Longa, je te connais depuis trop longtemps. Quand tu as eu tes premières relations sexuelles, c’est à moi que tu l’as dit alors que j’avais à peine 10 ans. Et je dois t’avouer que j’étais un peu déçue de voir que tu as accepté si facilement ce mariage.

-Est-ce que j’avais le choix ?

-Maintenant que tu veux t’en défaire, penses-tu avoir le choix ?

-…

Malgré son jeune âge, Massé ne manque pas de jugement et de caractère. A bien des égards, elle semble même plus mature que son aînée à qui elle reproche de vouloir trop souvent se présenter comme «la fille parfaite» devant son père.

La cadette sait qu’elle est la tête brûlée de la famille. Lassée par ses incartades, son père lui a lancé un jour de grande colère : «Même gratuitement, je te laisserai partir avec le premier venu».

A quoi la jeune fille, pas du tout impressionnée, avait répondu : «T’en fais pas, Papa, c’est moi qui vais t’honorer devant tes ancêtres et tes amis. De tous tes enfants, je suis le seul qui se présente devant toi tel qu’il est : imparfaite mais fière. Et ne me dis pas merci.»

Tshibo lui avait reproché cette sortie.

-Tu as insinué devant papa que j’étais hypocrite.

-C’est faux ?

Les deux sœurs s’étaient brouillées après cette séquence. Mais elles se sont vite réconciliées.

-Tu ne peux pas vivre sans moi, avait claironné la cadette.

-N’attrape pas la grosse tête, lui avait répondu l’aînée.

C’est ainsi que Massé a été la première mise au courant de l’histoire de Makasu. C’est également elle qui a écouté, la première, le plan échafaudé par sa sœur pour mettre fin au mariage avec Tabu.

Après avoir patiemment écouté Tshibo dérouler son plan, elle laisse tomber :

-Et si ton plan échoue ?

-Heuuu… Je ne sais pas.

-Ecoute Longa, pour réussir un gros coup, il faut trois choses : une bonne équipe, savoir que rien ne se passe jamais comme prévu et avoir un plan B aussi efficace que le plan A. Pour le moment, tu n’as qu’un seul plan. Ne tente rien. 

3 comments

comments user
Sieza Kuéla Angelique

Le pauvre Tabu, c’est évident que le déroulement de cette situation lui causera une surprise désagréable. Nous attendons simplement la suite de l’histoire pour mieux « enjoy »👌

Chaque dimanche, nous voyageons à travers ces merveilleuses aventures de MAKASU. Très intéressant!

Merci beaucoup mon ami, pour ta persévérance et l’exécellence du travail.

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