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Le hasard n’existe pas

Le hasard n’existe pas

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Marc n’en revient pas. Le secrétaire général de l’administration des Affaires étrangères vient de lui annoncer qu’il est commissionné à la tête de la «Direction Francophonie». C’est depuis une année seulement qu’il est chef de division. Le vieux Mpoyi qui était à la tête de cette direction depuis 5 ans est décédé le mois dernier. Il aimait bien Marc à qui il confiait souvent des dossiers.

De la bande des quatre, Marc est le plus sérieux. Ses trois amis le savent. Soigné et rigoureux dans le travail, il n’avait pas tardé à taper dans l’œil du secrétaire général de son administration et du nouveau ministre des Affaires étrangères. Il était second de sa promotion à l’ENA. Affecté au ministère des Affaires étrangères alors qu’il voulait aller au Budget, il a rapidement gravi les échelons.

Mais son commissionnement comme directeur n’était pas seulement le fruit de ses efforts et de son sérieux. Il avait reçu un coup de main inespéré.

-Félicitations, monsieur le directeur.

-Mais, comment es-tu au courant ?

-Les nouvelles vont vite, mon chéri.

Marc s’arrête un moment pour tenter de comprendre comment Pamela était déjà au courant de la nouvelle alors qu’il venait à peine de l’apprendre.

-On vient à peine de m’informer…

-Quand tu rentreras le soir, tu trouveras une bouteille de champagne à la maison. Tu veux que je prépare quelque chose en particulier ?

-Heu…

Marc n’a pas le temps de répondre qu’il sent une main sur son épaule gauche. Le secrétaire général dont il venait de quitter le bureau l’avait suivi dans le couloir. Le jeune homme interrompt l’appel de Pamela.

-J’ai oublié de te dire quelque chose. Tu intègres automatiquement la commission que le ministre a créée pour préparer le prochain sommet de la Francophonie. On a une réunion cet après-midi avec le directeur de cabinet du président de la République. Ma secrétaire va t’apporter les notes que ton prédécesseur avait déjà rédigées.

-Oui, chef.

-Tout ceci est un peu brusque. Mais il faut que tu t’y fasses. J’ai confiance. Tu vas y arriver.

-Merci beaucoup, chef.

-Comment va Pamela ?

-Heu…heu… Elle va bien.

-Le monde est tout petit.

Marc regarde partir son chef sans rien comprendre. D’où connaît-il Pamela ? Est-ce lui qui l’a informée ? Quelle relation Pamela peut-elle avoir avec ce vieux monsieur qui a l’âge de son grand-père ?

-Monsieur le directeur, vous désirez quelque chose ?

Marc est tiré de ses rêveries par la secrétaire de sa direction. Il ne l’avait pas vue arriver.

-Non. Ça va aller. Assurez-vous juste que me parviennent rapidement les documents que va m’envoyer le secrétaire général.

-D’accord, chef. Le comptable a demandé à vous voir. Il y a également du courrier pour vous.

-Faites venir le comptable dans mon bureau en même temps que vous m’apporterez le courrier.

-Vous ne devriez pas changer de bureau ?

-Pas si vite. On verra cela dans les prochains jours. Cette semaine, j’occupe encore mon bureau actuel.

-D’accord, chef.

A peine, en avait-il terminé avec Anita que Marc se rend compte que son téléphone vibrait dans la poche de sa veste depuis un certain moment sans qu’il ne s’en rende compte. Un appel d’un numéro inconnu. Il lève les yeux au ciel. Ce sera désormais cela sa vie.

-Allô !

-Bonjour Monsieur Matondo. Félicitations.

-Bonjour. S’il vous plaît, à qui ai-je l’honneur ?

-Un ami qui vous veut du bien et avec qui vous aurez souvent l’occasion de parler désormais. Je vous souhaite un bon mandat. Vous pouvez vous installer directement dans votre nouveau bureau. N’ayez pas de crainte.

-Mais qui êtes-vous ?

-…

-Allô ! Allô !

L’appel avait été interrompu. Marc n’avait pas pu identifier la voix. Mais il n’avait pas le temps de s’y attarder. Le comptable de la direction l’attendait déjà.

Entre la lecture du courrier, la discussion avec le comptable, la réunion avec les responsables et le staff de sa direction, Marc n’a pas vu passer l’heure. Il était déjà 15 heures quand la secrétaire de la direction lui apporte les notes que lui avait promises le secrétaire général de l’administration pour la réunion de la fin de journée.

-Merci Anita.

-Rédigez les correspondances dont je vous ai parlées tout à l’heure. Il faudra que ça soit prêt demain matin. Travaillez avec le chef de bureau Kasongo.

-Mais chef, il est déjà 15 heures…

-Et alors ?

-Non. Rien. Ça va.

C’est en ce moment que Marc se rend compte qu’il n’avait pas encore mangé. Quand il était chef de division, il allait déjeuner à midi au restaurant du CEPAS, pas loin de son bureau. Depuis que Pamela avait repris les choses en main, il s’y rendait de moins en moins.

Marc se souvient qu’il n’avait toujours pas répondu à sa maîtresse.

-Ça va ?

-Moi je vais bien. Mais je commençais à m’inquiéter pour toi.

-Je n’ai pas vu passer l’heure. Et je n’ai pas mangé.

-T’en fais pas. Tu trouveras un bon repas et ta bouteille de champagne à ton retour à la maison.

-J’ai une réunion qui risque d’aller jusque tard dans la soirée.

 -Je t’attendrai.

-Il y a quelque chose qui me perturbe quand même. Comment as-tu appris la nouvelle ? -Je te l’avais dit : le hasard n’existe pas. Je vais t’apporter beaucoup de bénédictions.

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