«La Plume de Joël». Heureux comme un enfant de 4 ans !
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Hier, à la salle de sport où je m’entrainais, un monsieur m’a salué et m’a demandé si j’étais Joël. Un peu décontenancé, j’ai répondu que Joël était bien mon prénom. Il m’a ensuite fait savoir qu’il lisait les billets publiés sur mon blog. Je l’ai remercié et lui ai dit que c’était très gentil. Mais je ne lui ai pas dit combien j’étais ému. C’est la première fois qu’une personne me reconnaisse dans un lieu public et me parle de mon blog.
Dans le taxi qui m’a ramené à la maison, j’ai repensé à ce court échange et l’émotion qu’il a suscitée en moi.
Savoir que les billets que je publie ici sont lus par des hommes et des femmes qui ne me connaissent pas mais consacrent de leur temps pour me lire m’émeut.
Le 29 mars 2020 quand je publiais le premier billet sur ce blog, je ne m’attendais pas à un tel intérêt. Je publiais sur ce blog comme on lancerait une bouteille à la mer en prenant le soin d’y glisser une lettre anonyme. Dans l’espoir que n’importe qui la ramasserait y trouverait un peu d’espoir, des questionnements, des idées et des histoires qui pourront le faire rire, énerver ou pleurer.
En 2020, la première année, les contenus publiés sur ce blog ont été lus 887 fois. L’année dernière, c’était 5 408 fois.
Consacrer deux, trois voire quatre minutes pour lire un texte sur Internet n’est pas banal. En tout cas, pas à mes yeux.
Dans notre monde où nos cerveaux sont très sollicités et où les géants du numérique investissent des milliards de dollars américains pour capter notre temps de cerveau disponible, voir que vous consacrez à ce blog un peu de votre temps me remplit de bonheur.
Ce blog a maintenant un peu plus de quatre ans. Au fil des années, il m’a permis de m’interroger, de mûrir des réflexions, de vous écouter (Je reçois des commentaires sur telle ou telle autre publication, des suggestions de lecture, des remarques sur une analyse qu’un lecteur ne partage pas), etc. Tout ceci a fait de moi un meilleur blogueur.
Si j’écris, c’est moins pour asséner des vérités que pour partager. Car, je crois que partager des idées permet d’alimenter le débat public, en suscitant davantage de débats et de discussions. Ce qui doit offrir à chacun et à nos sociétés la possibilité de grandir intellectuellement par la confrontation des idées.
Je n’écris pas pour avoir raison. J’écris pour que vive le débat. J’écris pour que la raison ait droit de cité. Peu importe d’où qu’elle vient. Pourvu que la société en bénéficie. Pourvu que l’ignorance et les superstitions reculent. Pourvu que la science avance.
Je crois au progrès. Je ne suis ni nostalgique du passé, ni obsédé par un avenir qui ignorerait tout du passé. Comme Victor Hugo, «je veux que le progrès continue de faire loi et cesse de faire peur».
Et comme Churchill, je pense que :
«Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur.»
Pour moi, c’est cela le progrès. Être lucide pour examiner ce qui a été et ambitieux pour préparer ce qui sera.
Ce matin, en lisant «Danse du Léopard» de Lieve Joris, je suis tombé sur cet extrait :
«Lors de mon précédent voyage, les gens de l’Intérieur m’appelaient toujours ‘’sœur’’. Cette fois-ci, ils supposent que je travaille pour une organisation internationale. MSF, CICR, HCR, UNICEF, Save the children – tous ces ‘’ba-organisme’’, comme on les désigne ici par le pluriel local, ont fait leur apparition ces dernières années et ont en quelque sorte remplacé l’Etat en faillite. Avec quelle désinvolture les Congolais ne se sont-ils pas mis à considérer ces organisations comme faisant partie intégrante de leur monde ! Tant d’années après l’indépendance, ils reconnaissent sans la moindre difficulté qu’ils ne s’en sortent pas. Tout comme ils ne se sentent pas responsables des faux pas du régime de Mobutu, ils trouvent normal que des gens de l’extérieur viennent recoller les pots cassés. Quand je rentrerai chez moi, il faut que je plaide pour que les ba-organismes donnent plus d’argent au Congo, me disait hier papa Léon, car lui aussi est persuadé que je travaille pour une organisation humanitaire.»
L’histoire du Congo est l’histoire d’un lent mais inexorable renoncement. D’une défaite collective consommée et assumée.
Ce blog est un espace où je vous invite à ne pas renoncer et à toujours lutter pour ce en quoi vous croyez. Selon son biographe Max Gallo, la dernière phrase écrite par Victor Hugo est : «Aimer, c’est agir».
Le vertige de l’actualité peut nous amener à croire que notre monde est au bord du précipice. Mais toute l’histoire de l’humanité est là pour nous rappeler également que nos ancêtres ont été confrontés à des menaces et des tragédies tout aussi redoutables.
Ils ont dompté la nature hostile, des bêtes sauvages, des maladies redoutables, l’immensité des mers et l’apocalypse des volcans. Mais ils n’ont pas renoncé. Ils ont tracé des routes sur la terre ferme, sur les mers et les océans et dans le ciel. Ils ont apprivoisé le feu. Inventé l’écriture. Créé l’école.
Nous leur devons de poursuivre l’œuvre de la création. Par la pensée, par l’imagination et par l’action.
Les tragédies (climatiques, militaires, financières, géopolitiques) qui nous sont annoncées ne sont pas rédhibitoires. A condition de garder à l’esprit qu’il n’y a rien à espérer de demain que nous ne pouvons pas faire aujourd’hui.
Pour cela, il nous faut discuter, échanger, apprendre les uns des autres, accepter la contradiction, forger la meilleure décision. Et finalement, agir.
Gabrielle Halpern dont je vous ai déjà parlé ici note sur son blog que «la contradiction, le désaccord, le grain de sable sont de merveilleux stimulants pour notre cerveau et il n’y a rien de tel pour activer nos neurones».
Apprenons à penser contre nous-mêmes. A accepter les idées des autres même si elles nous paraissent sur l’instant folles. Elles nous permettent de faire le pas de côté et de nous remettre en question. Elles nous font sortir de nos bulles où nous enferment nos certitudes et nos habitudes.
C’est à cela que je destine ce blog. N’hésitez donc pas à me contredire. A me suggérer d’autres pistes de réflexion. D’autres approches.
Nos sociétés gagneraient en liberté – et donc en maturité – si chacun peut exprimer avec respect et sérénité ses opinions sans les imposer aux autres. Chacun doit contribuer, avec les moyens et les outils qui sont les siens, au débat public.
Quelle école voulons-nous pour nos enfants ?
Laisserons-nous les écrans devenir des troisièmes parents ?
Allons-nous préférer des images virtuelles générées par l’intelligence artificielle plutôt que des promenades au bord des rivières ?
Continuerons-nous nos courses folles qui nous font préférer l’immédiateté au temps long ? La vitesse à la robustesse ? Le chemin à la destination ? La consommation frénétique à la sobriété ?
Voulons-nous d’une société où nous vivons côte-à-coté sans jamais nous parler que par écrans interposés ? Où nos soirées et nos repas ressemblent de plus en plus à des moments de solitude partagés, chacun retranché derrière son écran de téléphone ou d’ordinateur ?
Ces questions attendent de nous des réponses. Discutons-en. «La Plume de Joël» prendra sa part.
A bientôt !
Et merci.
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