Je prends le large. A bientôt !
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Chers lecteurs, je vais devoir prendre un peu de temps pour moi et les miens. Et pendant quelques semaines, je ne vais pas publier sur ce blog que vous êtes de plus en plus nombreux à visiter.
Et pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter où je publie chaque matin un extrait d’un livre que je suis en train de lire, je ne serai pas actif non plus. Je vais me déconnecter. Je prends le large.
Me déconnecter pour me reconnecter à des choses que, par habitude, par commodité ou par faiblesse, on finit par tenir pour acquis alors qu’elles ne le sont pas. Et ne doivent jamais l’être.
La famille, l’amitié, la méditation, la conversation, la vie intérieure.
Toutes ces choses qui donnent du sens à nos existences, en nous imposant le juste rythme. Le rythme des saisons de la nature et de la vie.
Le rythme lent qui fait que le nouveau-né doit tomber plusieurs fois avant de savoir marcher. Bafouiller avant de parler. Ramper avant de courir.
Le même rythme que celui des feuilles du livre qui se suivent les unes après les autres pour dessiner le contour d’une trame ou le développement d’une argumentation.
Le rythme qui apprend au paysan à semer d’abord pour moissonner ensuite.
C’est ce rythme que, comme moi, beaucoup d’entre nous avons perdu, à force de pédaler comme des forcenés vers des ailleurs jamais définis que nos vanités ou nos désirs de réussite jamais assouvis nous obligent à repousser sans cesse.
«Prendre le large»
Je vais me poser. Pour regarder. Écouter. Sourire. Lire (calmement). Méditer (sérieusement).
Non pas que ce blog m’empêche de faire tout ceci. Non. Mais dans nos vies où nous superposons les activités à l’infini, nous finissons par perdre le fil de ce qui fait la beauté de la vie : profiter de l’instant.
Je ne suis pas fatigué. Je veux juste profiter de la vie. Plus lentement. En prenant mon temps. Pour lire notamment Milan Kundera (décédé il y a quelques jours), auteur de «La lenteur» où on peut notamment lire :
«Le degré de lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire, le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli.»
Je continuerai d’écrire. Dans mes carnets qui ne me quittent plus puisque ma mémoire me fuit souvent. Je noterai la beauté des couchers de soleil comme la chaleur des embouteillages.
Je finirai des romans qui me sont tombés de mains parce que j’étais pressé de lire autre chose. De plus urgent.
Oui, à moi aussi il arrive de sacrifier l’essentiel au profit de l’urgent.
A moi aussi, il arrive de scroller ma TL Twitter (ou X, selon le dernier caprice d’Elon Musk) ou Instagram à la recherche de je-ne-sais-quoi.
Et c’est pour ça que je vais faire une pause. Pour me questionner. Car il est dangereux (mais pas forcément inutile) d’attirer l’attention des autres sur des tares contre lesquelles on ne sait pas lutter soi-même.
La première de ces tares est évidemment le gaspillage du temps.
Ce temps si précieux que nous utilisons si mal, ayant fait d’une phrase très mal pensée une vérité absolue : «Le temps, c’est de l’argent».
Non. Le temps, ce n’est pas de l’argent.
«Le temps c’est cet espace qui sépare 10h15 de 10h16, et la vie c’est ce que nous investissons dans cet espace, de la prose ou de la poésie, de l’être ou du néant, de l’amour ou de la mort.»
Xavier Alberti a raison : «Le temps, [c’est] cette décision de ce que nous allons mettre de nous dans cet instant, cette décision de l’instant, cette décision qui devrait nous permettre de ne justement rien abandonner au temps que nous n’aurions pleinement consenti».
«Rien abandonner au temps que nous n’aurions pleinement consenti». C’est ce que je vais réapprendre pendant les quelques semaines où je serai loin de vous.
Je vais donc «prendre le large».
Je prends le large comme, autrefois, on prenait «la mer pour explorer, pour voyager, pour pêcher ou pour guerroyer, parce qu’elle était le seul chemin possible quand on se cognait à la fin de la terre et que l’on voulait voir ce qu’il y avait après…».
Je prends le large car, comme l’écrit André Gide, «l’homme ne peut découvrir de nouveaux océans tant qu’il n’a pas le courage de perdre de vue la côte».
J’ai donc décidé de perdre de vue la côte pour un moment.
Mais je ne serai pas loin. A chaque fois que je tournerai la page d’un livre, je penserai à vous, en vous imaginant en faire de même.
Lisez, donc ! Et restez curieux. De tout. De la vie. De ses mystères et de ses merveilles. De ses misères et de ses illusions.
A mon retour, j’espère pouvoir vous ramener une bonne nouvelle, peut-être deux. Que nous allons partager et célébrer ensemble.
A bientôt !
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