Femme difficile, homme facile…
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Malgré une fin brutale, Makasu garde un bon souvenir de sa relation avec Washington. Après les cours, les deux amoureux se retrouvaient à l’appartement de la jeune femme pour préparer les leçons du lendemain. Mais pas que !
-On commence par quoi ?
-Tu connais ma devise : le plaisir d’abord, le travail ensuite.
-C’est l’inverse qu’il faut faire, mon cher.
-Si tu veux…
Makasu et Washington ont beaucoup de centres d’intérêt en commun. Ils partagent une passion non feinte pour la littérature, la musique et l’histoire. Ils aiment tous les deux regarder le foot à la télé. Lui, fan du Real Madrid. Elle, «Blaugrana de sang». Les jours de classico, ça chambre beaucoup entre les deux amoureux.
Le soir du 24 octobre 2020, après la cinglante défaite du Barça face au Real, Washington assène à Makasu, qui multipliait les «Kidiaba» sur la moquette velours qui recouvre le plancher du salon pour se moquer de sa compagne : sors de chez moi !
-Tu es sérieuse ?
-Je ne le répèterai pas.
-Sa Majesté la Reine me fout à la porte du Palais de Buckingham après la défaite de son club chéri.
-Dehors !
Les deux ne le savent pas encore en ce moment-là, mais c’est la dernière fois qu’ils se voient en amoureux. Comme il le dira plus tard à Libanais, «c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase».
Ce n’était pas la première fois que Washington demandait à Makasu de quitter son domicile sans ménagement. Les deux jeunes gens ont le sang chaud.
Mais c’est la jeune femme qui a le tempérament le plus volcanique.
«Elle s’allume aussi vite qu’elle s’éteint», aime à dire son père qui a souvent été l’objet du courroux de sa fille.
Makasu supportait de moins en moins les emportements de sa compagne qui n’hésite jamais non plus à dire tout ce qu’elle pense.
Un jour, la petite sœur de Washington trouve Makasu affalé sur le divan du salon de la jeune enseignante qui cuisinait.
-Ha ! Finalement, je peux voir le beau-frère.
-Et qui t’a dit qu’on va se marier ?, intervient tout de suite Washington, sortant de la cuisine.
Cette réplique-là aussi, Makasu n’avait pas aimé. Mais le jeune homme n’avait rien dit. Il vivait de plus en plus mal ces petites offenses qui commençaient à s’accumuler. Mais, dans le silence.
Autre chose qui le chagrinait : Washington n’aimait pas aller chez lui. Elle ne l’a jamais dit comme ça mais Makasu estimait que c’était à cause de conditions un peu spartiates de son domicile : pas d’air conditionné, un kikoso au lieu d’une douche, etc. Tout l’inverse du chic appartement de Washington, dont le loyer de 1 500 dollars américains est entièrement payé par son sénateur de père, malgré leurs mauvaises relations.
Makasu en était venu à penser que si sa compagne pouvait paraître quelque fois arrogante et méprisante, c’était du fait de son aisance matérielle.
Au lieu de lui en parler, il est allé chercher l’affection ailleurs.
«C’est le grand problème de Makasu, commente aujourd’hui Libanais. Au lieu de régler les problèmes avec ses compagnes, il en change dès que la relation perd un peu de sa saveur.»
Une année et trois mois, c’était déjà un record pour Makasu. Jamais il n’avait passé autant de temps avec une fille. Libanais commençait à croire sérieusement que son ami avait trouvé son âme sœur.
C’était sans compter sur GB. Et les offenses de Washington.
Blessé d’avoir été mis à la porte à cause d’un match de foot, Makasu appelle Libanais pour lui proposer de célébrer la victoire de leur club autour d’un verre.
-Je suis à la boutique avec Étoile d’État et une amie à elle. On est assis juste devant. On partage une bière.
-J’arrive.
Libanais n’est pas marié. Mais il a deux enfants avec son Étoile d’État. Jeune femme belle, élégante et fort riche. Ils se sont connus en Chine. Chacun était allé acheter de la marchandise pour son commerce. Lui, des habits. Elle, du mobilier de bureau. La carte bancaire de Libanais ne marchait pas. Étoile d’État l’a aidé, «sans rien demander en retour». De retour à Kinshasa, ils commencent à se voir. La jeune femme est impressionnée par le sens des affaires de son nouvel ami qui l’aide à mieux organiser son commerce. «C’est ma bénédiction», dit-elle souvent.
Makasu trouve le trio assis autour d’une table devant la boutique d’habillement de Libanais.
-Tu n’as pas l’air bien, mon ami. On a pourtant gagné.
-Ne m’en parle pas.
-On va t’apporter une bonne Nkoyi. Ça va te remonter le moral.
Alors que Libanais va chercher la bière dans le réfrigérateur de la boutique, Étoile d’État présente Makasu à son amie.
-Lui, c’est Makasu. C’est le confident de mon chéri.
-Désolé ! Je ne vous ai même pas salué.
-Ce n’est pas grave. Ça se voit que tu viens de passer un sale moment.
La copine d’Étoile d’État va passer la soirée à tenter de remonter le moral de cet enseignant qui s’exprime dans un français parfait.
Au moment de se séparer, Libanais tacle son ami :
-Je vois que tu as déjà oublié la déception de tout à l’heure.
-On s’est bien occupé de moi.
-Donc, pas besoin de vous raccompagner…
-Non, merci. On va marcher.
Cette déambulation va conduire les deux nouveaux amis au domicile de Makasu d’où ils ne sortiront pas jusqu’au petit matin. Jusqu’à ce qu’on vienne frapper lourdement à la porte.
Makasu ouvre et tombe sur Washington.
L’enseignante d’histoire avait tenté de joindre au téléphone son amant toute la nuit. Sans succès. Elle voulait s’excuser pour son attitude après le match.
-Pardonne-moi, chérie. Ça n’arrivera plus.
Makasu n’avait pas encore ouvert la bouche qu’une voix féminine lance depuis sa chambre : t’aurais pas un chargeur IPhone ?
Washington, qui n’avait pas besoin d’un dessin pour comprendre, lance à son amant : «Eh bien ! Toi tu ne perds pas ton temps…».
La jeune femme sort de la parcelle sans faire de scandale. Sans rien dire, le jeune homme referme la porte de son domicile.
-C’était qui ?
-C’est la bailleresse qui demandait un service… Tu cherches un chargeur ?
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