×

Pas loin de la catastrophe

Pas loin de la catastrophe

Partagez maintenant sur :

L’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier semble avoir pris par surprise les si bien renseignés (sans mauvais jeu de mots) renseignements israéliens, réputés pour leur efficacité à protéger une nation menacée de disparition dès sa création en 1948. De ce que je sais de ce pays, je ne doute pas qu’une fois le tourbillon du conflit passé, des leçons vont être tirées.

Mais les Israéliens n’ont pas été les seuls à être surpris par l’ampleur de cette attaque qui, au moment où j’écris ces lignes, a fait 1 300 morts, côté israélien. La riposte de Tsahal- Armée de défense d’Israël- aurait fait presqu’autant de victimes, côté palestinien.

Peu d’entre nous avions pensé cela imaginable. C’est pourtant arrivé.

Ces dernières années, le conflit israélo-palestinien était devenu l’un de ces nombreux conflits qui passent sous les radars de l’actualité internationale. Un peu comme les violences au Congo.

Faute de trouver la solution à ce problème dont nul n’ignore la complexité, les principales puissances du monde ont choisi de laisser faire, espérant peut-être que ce statu quo allait, comme par magie, se transformer en une solution viable.

Pourtant, la solution est connue de tous : le droit d’Israël de vivre en paix et celui des Palestiniens de vivre dans un Etat indépendant et viable.

Le tourbillon des crises

Problème : à force de laisser perdurer ce conflit, on a laissé prospérer les extrémistes des deux camps. Des terroristes qui se prennent pour les libérateurs de la Palestine alors qu’ils ne font qu\’aggraver le problème. Et de l’autre côté, comme le note Jacques Attali sur son blog, «la volonté d’un Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, d’empêcher par tous les moyens la naissance d’un État palestinien, quitte, pour cela, à jouer la politique du pire, à favoriser depuis dix ans le Hamas contre l’OLP [Organisation de libération de la Palestine, NDLA], à obéir à ses alliés religieux les plus extrémistes en dégarnissant la frontière avec Gaza pour protéger des colonies scandaleusement placées en territoire palestinien».

La résurgence de ce conflit qui, aujourd’hui nous renvoie aux pires moments de l’humanité, devrait nous interpeller sur l’incapacité de notre monde si connecté et si «intelligent» à penser le long terme.

Pendant mes dernières vacances, j’ai suivi un peu par hasard un numéro du podcast «Déclic – Le Tournant» sur la RTBF qui tentait de répondre à cette question : est-il possible de penser le long terme, pris dans le tourbillon d’une crise ?

Répondant aux questions de Caroline Roux sur France 2, le 10 octobre dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui commentait les derniers développements au Proche-Orient, a prévenu que «l’attention internationale risque de se détourner de l’Ukraine».

Avant d’ajouter, lucide, «cela aura des conséquences».

C’est la logique de notre monde post-moderne : une actualité en chasse une autre, de nos télés mais aussi- et c’est encore plus grave- de nos esprits. C’est ainsi que nous sommes passés sans aucune transition de la crise du Coronavirus à la guerre en Ukraine puis au conflit israélo-palestinien.

Le président ukrainien a raison. La crise actuelle au Proche-Orient va éclipser ce qui se passe dans son pays qui mérite pourtant qu’on y trouve une solution.

Et c’est cela le plus grand danger. A force de passer de crise en crise, on ne trouve de solutions à rien, sauf pour répondre aux urgences immédiates. Et comme le dit si bien René Char, «l’urgent chasse l’important».

Troisième guerre mondiale ?

De la même manière, si demain matin, la Chine envahit Taïwan, toute l’attention des nations puissantes (et de leurs médias) va se porter sur cette nouvelle crise, laissant les précédentes dans l’état où elles sont jusqu’à la prochaine déflagration qui va nous arracher des larmes et inonder les écrans de nos télés et de nos smartphones.

C’est une spirale dangereuse. Mais nous semblons l’assumer. Elle va nous emporter si nous n’y prenons garde.

Quand la Russie a attaqué l’Ukraine, on a entendu certains évoquer déjà le spectre de la troisième guerre mondiale.

Je pense, pour ma part, que la troisième guerre mondiale ne ressemblera pas aux deux précédentes. Ce ne sera pas une nation contre une autre, entraînant la majeure partie de la planète dans un conflit. Ce sera plutôt l’accumulation de toutes ces crises pour lesquelles nous ne semblons pas avoir de réponses sérieuses, sinon de les «gérer» dans l’urgence, avant qu’une nouvelle survienne.

La crise climatique est là. Chacun en mesure les conséquences. Mais personne ne semble résolu à faire ce qu’il faut.

On n’a même plus besoin de lire Graham Allison et son «Vers la guerre» pour se rendre compte que Chine et États-Unis ont pris des trajectoires qui, si rien n’est fait, vont déboucher sur un conflit inédit.

Et la finance internationale ? L’intelligence artificielle ? Le nucléaire nord-coréen ?

Comme Jacques Attali, je pense que «l’histoire est tragique. Toujours. Le pire est le plus probable. Toujours. Et la meilleure façon de l’éviter est de s’y préparer».

Mais pour le moment, nous sommes comme «emportés vers l’avenir sans vraiment choisir une destination, fascinés par nos moyens, aveuglés par notre puissance, inconscients des dangers, oublieux des misères des gens qui sont dans la soute». Certes, «nous n’avons pas encore coulé» mais «nous ne sommes pas loin de la catastrophe».

Illustration : Une vue de la ville de Jérusalem dont le statut a longtemps été au cœur des discussions pour la résolution du conflit israélo-palestinien.

2 comments

comments user
Angélique SIEZA/KUELA

Impuissance ou négligence de l’Homme?

Peut être que je me trompe. Mais, la succession de toutes ces calamités, m’amènent à penser aux signes des derniers temps tels qu’annoncés par les écritures saintes. La recrudescence des crises…l’inaction de l’Homme..René Char a raison.. « l’urgent chasse l’important »

Merci beaucoup mon ami.

Laisser un commentaire

LinkedIn
Share
WhatsApp
Copy link
URL has been copied successfully!