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La peur d’essayer

La peur d’essayer

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Comme souvent, Xavier Alberti a le mot juste pour exprimer ce que bien souvent je pressens ou je tiens pour conviction.

Dans un texte publié en 2021 sur son blog à l’occasion de son cinquantième anniversaire, on peut lire :

«Je ne regrette pas ce que j’ai fait, je regrette seulement ce que je n’ai pas fait, je ne regrette pas mes échecs mais au contraire tous ces échecs auxquels j’ai échappés par peur, par lâcheté, par paresse. Si j’avais su à quel point les échecs ne valent rien, mieux encore, si j’avais su à quel point ils sont utiles, fertiles même, je les aurais accumulés, collectionnés, agrafés à ma porte, comme autant de victoires sur la peur d’essayer.»

Oui, les échecs sont utiles. Et rien n’est plus préjudiciable pour un homme que le refus d’agir par peur de l’échec. Car même lorsqu’on échoue, on est vainqueur. De quoi ? De la peur d’essayer.

Agir, entreprendre, proposer et innover font peur. Et c’est bien ainsi. Car cette peur doit être quotidiennement vaincue pour que se dessinent les contours de nos destinées, jamais linéaires. Toujours sinueuses. Faites des hauts et des bas. Des victoires retentissantes et des défaites humiliantes. Mais c’est la seule façon d’avancer. De creuser son sillon. De construire sa destinée.

Mais trop souvent, la peur, la lâcheté et la paresse nous font renoncer. De lire ce livre offert par un ami attentionné. De pousser la porte de la salle de sport. De lire la Bible. D’aller à la messe le matin.

Nous procrastinons. Nous remettons à demain. Nous nous trouvons des excuses. Nous nous mentons : «je n’ai pas le temps», «je suis très occupé», «je le ferai demain».

Mais la vie ne nous attend pas. Et demain n’est pas un jour. Il n’arrive jamais. On se réveillera un matin, étonné de constater que nous n’avons lu aucun des livres que nous nous étions promis de lire.

Ou avec un physique dont on a honte, à force de remettre à demain l’effort physique qui ne souffre d’aucune dérogation et qui nous fait payer chaque jour perdu à nous mentir.

Et ton cours d’anglais ? Le potager ? La confession ?

Bien souvent, c’est cette petite et maligne voix qui te dit tout doucement «et si tu n’y arrives pas», qui te fait reculer juste au moment où tu étais sur le point de t’engager, de faire, de lire, de coudre, de bêcher, de courir, etc.

A l’origine de tout, ce malentendu que révèle encore Xavier Alberti :

«Ma génération a grandi sur un malentendu, elle a cru qu’il fallait incessamment essayer de réussir, alors qu’il faut surtout réussir à essayer. […] Nous avons été élevés avec cette idée qu’il fallait réussir dans la vie, c’est à dire accumuler les victoires et ses attributs sonnants et trébuchants. Or quand la réussite est l’objectif, on se méfie de l’échec, et quand le regard de l’autre est un juge de concours, on se méfie du ridicule.»

C’est la peur d’échouer qui conduit un journaliste à utiliser tous les jours les mêmes formules dans ses reportages. Essayer de nouvelles formulations lui fait peur. De ce qu’en dira son rédacteur en chef. De ce qu’en pensera l’auditeur. La peur du ridicule. Rien n’est plus paralysant.

Une fois qu’on l’a vaincue, on peut tout. Le meilleur comme le pire. Car, la vie c’est bien ce mouvement incessant entre ces deux bouts. Un mouvement nécessaire qui nous apprend l’humilité, la vigilance et le respect. Conscient qu’on est capable du pire, on s’acharne à vérifier, à contrôler, à anticiper et à penser (froidement) pour tirer de soi le meilleur.

Mais le meilleur n’est jamais un hasard. C’est toujours le résultat des efforts maintes fois répétés. Comme l’écrit Aristote, «Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée».

Dans la répétition ne voyez pas la routine. Non. C’est la répétition du guitariste qui refait et refait des combinaisons jusqu’à obtenir le meilleur son. C’est également la répétition du footballeur qui essaie et ressaie une nouvelle dribble à l’entraînement pour pouvoir l’exécuter parfaitement le jour du match.

S’il craint de rater son geste et de se faire conspuer par les spectateurs, le footballeur n’essaiera jamais sa nouvelle dribble le jour du match. Personne ne découvrira le joueur génial qu’il est.

S’il craint la réaction de son rédacteur en chef, un journaliste utilisera tous les jours les mêmes expressions convenues et formules éculées. Les lecteurs ne connaîtront jamais la richesse de son vocabulaire. Ni la beauté de sa plume. Ni l’étendue de son talent.

Ce serait dommage, n’est-ce pas ?

C’est le sort de ceux qui ont peur d’essayer.

N’oubliez jamais que «fille de l’assurance, l’audace est mère de quelques échecs et de toutes les réussites».

Essayez donc l’audace. Vous verrez !

3 comments

comments user
Sieza Kuéla Angelique

Waou! Je t’assure que ce texte est une merveille. Des conseils vraiment très précieux.
 » Lorsqu’on échoue, on est vainqueur » bien dit.

Les échecs constituent de très belles expériences qui nous rendent meilleurs.
Merci beaucoup à toi, mon ami. 👏👏👏

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Mbiya

Je ne peux que vous remercier et encourager de votre travail acharné.
En lisant ce texte, ce qui m’a beaucoup touché est ce qu’a dit Socrate  » nous sommes ce que nous faisons de manière répétée » car ça m’a poussé au changement.
Une fois de plus merci grand-frère🙏🏾

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