Des livres, encore plus de livres. Bonne année 2026 !
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Au cours de cette année qui s’achève, j’ai lu quarante livres. Certains m’ont interrogé. D’autres m’ont bousculé. Et quelques autres m’ont déçu. Mais tous m’ont aidé : à mieux comprendre le monde, à apprendre un nouveau vocabulaire, à découvrir des problématiques qui, jusqu’ici, m’étaient inconnues, à en apprendre davantage sur le Congo et ses problèmes.
2025 en lecture
Ce matin, j’ai publié sur mon compte Twitter mes dix meilleures lectures de l’année :
«L’équation avant la nuit», de Blaise Ndala.
«Winston Churchill», de François Kersaudy.
«Un autre m’attend ailleurs», de Christophe Bigot.
«Submersion», de Bruno Patino.
«Le cerveau de Kennedy», d’Henning Mankell.
«Mes carnets noirs», de Colette Braeckman.
«Le XXe siècle raconté par Max Gallo», de Max Gallo.
«De la guerre», de Carl von Clausewitz.
«L’arracheuse de dents», de Franz-Olivier Giesbert.
«Guérir le Congo du mal zaïrois», de Daniel Mukoko Samba.
Choisir dix coups de cœur sur quarante lectures, c’est forcément faire des choix. Et c’est forcément être injuste.
Ainsi, n’ai-je pas mentionné «Technopolitique» d’Asma Mhalla dont je vous ai parlé sur ce blog. Cette lecture m’a pourtant beaucoup aidé dans la compréhension de ce qui se joue depuis une dizaine d’années maintenant dans la sphère numérique et ses ramifications vertigineuses.
Choisir, c’est forcément périlleux.
«Le tailleur gris» est un joli roman noir sur lequel je suis tombé un peu par hasard il y a quatre jours. Il est bien écrit. Merveilleux récit !
Dans «Le rêve de Marc Aurèle», Frédéric Lenoir reprend cette phrase de l’ancien empereur romain : «Le bonheur de vivre dépend de très petites choses». On l’oublie souvent.
Mais «le bonheur est-il autre chose qu’une illusion rétrospective ?», comme je l’ai lu dans «Un autre m’attend». Si c’est le cas, il faudrait peut-être se rendre à l’évidence que, comme l’exprime bien l’un des personnages de «Face d’ange et la Momie blonde» : «L’illusion est souvent plus nécessaire que la dure vérité».
Un autre roman que j’ai adoré lire mais que je n’ai pas placé sur la liste de mes coups de cœur est «J’aime la vie» de Christine Arnothy. On entend l’héroïne dire : «Quand on a vu une femme, on les a toutes vues…». C’est osé !
Il y a un autre livre que j’aurais bien voulu voir apparaître sur la liste de mes coups de cœur : «Zaïre : les princes de l’invisible». On en apprend de belles sur l’entourage de l’ancien président Mobutu.
Il y a aussi les classiques. Ceux que tous ceux qui aiment en savoir toujours plus sur le monde et ses bouleversements devraient lire : «La fin de l’histoire et le dernier homme» de Francis Fukuyama ; «Mémoires de guerre» du Général De Gaulle.
2025 aura donc été l’année où j’ai lu le plus de livres. L’année précédente, j’en avais lu vingt-huit.
L’année prochaine, je voudrais pouvoir en lire cinquante. Mais ce qui peut paraître comme une course au chiffre ne l’est pas. La question la plus importante ne sera jamais : combien de livres avez-vous lu ? Mais plutôt : avez-vous pris plaisir à lire au point de vouloir lire encore davantage ?
La lecture est pour moi une vraie expérience personnelle.
Le temps que je passe à lire un livre, c’est du temps pour me questionner, m’émerveiller, m’étonner, prendre du plaisir.
«Nous avons perdu la nuit»
Un livre peut contredire une conviction forte. Il peut tout aussi bien la confirmer. Il peut également transformer une intuition en conviction.
Après avoir lu «Submersion» de Bruno Patino, j’ai eu une intuition : dans notre monde hyperconnecté, une place de plus en plus grande doit être faite à la philosophie.
La lecture de «L’Humain et l’Être de l’abbé Paulin Sabuy m’a aidé à transformer mon intuition en conviction. Quand nous nous sommes parlés au téléphone, il m’a fait part de sa conviction : notre monde a désormais besoin de plus de philosophes. Ça paraît contre-intuitif parce que tout autour de nous laisse penser qu’il faudrait former toujours plus d’ingénieurs. Mais quel est l’avenir d’une société où l’on ne crée que pour assouvir un appétit vorace de la nouveauté ? N’y a-t-il pas besoin de nous questionner ? De questionner nos façons de faire, d’habiter notre planète, de consommer, de communiquer ?
Bruno Patino commence son livre de manière provocante. «Nous avons perdu la nuit. Elle s’en est allée à mesure de nos découvertes», écrit-il dès la première page de «Submersion».
Terrible constat qui mériterait que nous nous arrêtions un moment.
Dans «Cent ans de solitude», Gabriel Garcia Marquez évoque une épidémie qui frappe la population de Macondo : tous les habitants perdent le sommeil. Ils ne dorment plus. Après un moment, ils perdent la mémoire.
La chose la plus fascinante dans la lecture, ce sont les connexions qui s’établissent comme par magie entre des ouvrages écrits sans rapport évident.
Bruno Patino est un journaliste français. L’abbé Paulin Sabuy est un prêtre congolais. Gabriel Garcia Marquez est un écrivain colombien. En dehors de leur amour des livres et de la connaissance, ils ne doivent pas avoir grand-chose en commun. Pourtant, la lecture croisée de leurs trois livres parus à des périodes différentes m’aide à tisser des connexions pour tenter de mieux comprendre notre monde.
Résister à la submersion
C’est pour cette raison que je tente de lire le plus de livres possibles. Et plus j’en lis, plus j’aimerais en lire. Conscient tous les jours un peu plus de l’étendue de mon ignorance.
2025 s’achève. Je vous souhaite une bonne année 2026. Passez-la un livre à la main. Vous ne le regretterez pas.
On entend tous les jours les pires prédictions pour notre monde, notre humanité.
Serons-nous submerger par l’Intelligence artificielle ? Les machines vont-elles prendre le dessus sur les humains ?
Si ces questions sont légitimes, je les juge sans grand intérêt. Les vraies questions pour moi sont les suivantes : sommes-nous encore curieux ? voulons-nous encore apprendre les uns des autres, de la vie, de la nature ? pensons-nous encore être capables de faire les efforts nécessaires pour garantir demain ce qui a fait notre bonheur hier : la liberté, le savoir, la foi ?
«La connexion permanente a fait de nous des poissons rouges qui tournent en permanence dans le bocal de leurs écrans», écrit Bruno Patino dans «Submersion».
Il n’appartient qu’à nous de sortir de ce bocal. Et de reprendre notre liberté.
Si vous avez perdu goût à la lecture. Reprenez tranquillement. A votre rythme. Romans, poèmes, essais, pièces de théâtres. Lisez. Peu importe le nombre de pages que vous pourriez lire par jour, lisez. Dix pages lues chaque jour, ce sont plus de trois mille six cents pages à la fin de l’année.
Toutes les crises qui nous sont annoncées comme des catastrophes sont des crises de sens. L’humanité a comme perdu le sens d’orientation. Pendant longtemps, nous avons naïvement cru que l’humanité était engagée sur le chemin vers un progrès inexorable.
Dans la préface d’«Une journée d’Ivan Denissovitch», Pierre Daix note :
«Nous avons payé très cher, les uns et les autres, pour savoir que rien n’est jamais acquis à l’homme une fois pour toutes, qu’il n’y a pas de conquêtes, pas d’expériences qui ne puissent lui être reprises, être retournées contre lui.»
Terrible mise en garde.
Dans la sagesse populaire «la vie est un combat», il est autant question de notre survie individuelle que celle de notre humanité. Pour conserver tout ce qui fait notre spécificité, il nous faut nous battre tous les jours. Car, ici-bas, rien n’est jamais acquis définitivement.
«Il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir perdu une guerre pour entrer en résistance», écrit Jacques Attali ce matin sur son blog.
Résistons à la submersion par la culture, l’imagination, l’action, l’apprentissage.
Lisez ! Encore et encore.
Je vous souhaite à tous une heureuse nouvelle année.



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