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Des armes ou des larmes

Des armes ou des larmes

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-Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

-La vie.

Washington n’en dira pas plus. Elle a toujours détesté s’expliquer. Surtout si c’est Makasu qui pose les questions.

Mais la jeune femme est revenue sur sa décision. Elle va laisser l’enseignant jouer son rôle de père comme il le voudra.

Makasu ne sait pas comment prendre l’annonce de la future mère de son enfant. Il est certes ravi. Mais au fond de lui, quelque chose le chiffonne. Il a le sentiment de ne pas avoir de mot à dire. C’est Washington qui décide. De tout.

D’abord qu’il n’aura pas accès à son enfant. Ensuite, qu’il pourra être le papa qu’il veut. Et demain ? Que décidera-t-elle ?

-Merci d’avoir changé d’avis. C’est vraiment gentil de ta part.

-Il n’y a pas de quoi. Tu es le père biologique. Il n’y a pas de raison que tu ne joues pas le rôle qui te revient.

Makasu a du mal à croire en la bonne foi de Washington. Il pense que la jeune femme joue un coup, persuadé que son ex ne donne jamais rien pour rien.

Mais l’air de rien, sans dire un mot, Washington se lève, fait signe au serveur et paie l’addition.

-A bientôt !

Makasu qui n’a rien répondu regarde son ex-compagne s’en aller d’un pas lent. Pas un pas hésitant. Non. De ces pas que seules les femmes enceintes peuvent expliquer.

C’est la première fois que Makasu se rend compte de ce qui est en train d’arriver. Washington sera bientôt mère. Lui sera papa. Ils auront un enfant.

La dernière fois qu’ils s’étaient vus, la jeune femme avait encore sa silhouette svelte. Elle ne se tenait pas les hanches tout le temps. Elle marchait encore de son pas pressé si caractéristique.

Est-ce ces changements physiques qui ont conduit Washington à reconsidérer sa décision ? A-t-elle finalement pris conscience de sa condition de mère et des devoirs qui vont avec ?

Makasu s’interroge.

Et il savoure. «Je serai papa», se répète-t-il, comme s’il venait à peine de réaliser ce qui était en train de se passer.

Il voudrait en parler avec Libanais. Mais il ne peut pas. Depuis le coup de sang de l’autre soir, les deux ne se sont plus parlé.

Tshibo a tenté de les réconcilier. Sans succès.

C’est finalement vers Kepa que Makasu se tourne.

-Je serai bientôt papa.

-Tu ne m’avais pas dit que tu avais une femme.

-Nous ne sommes plus ensemble. Mais elle attend un enfant de moi.

-Je me doutais bien qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez toi.

-C’est ta façon de me féliciter ?

-C’est elle qui fera tout le travail. C’est elle que je féliciterai.

Makasu met un certain temps pour comprendre le ton acide des réponses de Kepa.

La jeune femme est blessée. Elle commençait à se prendre au jeu. Elle passait de plus en plus de temps avec son nouvel ami.

Mais c’est par SMS que celui-ci juge bon de l’informer de l’arrivée d’un enfant issu d’une relation dont il ne lui a jamais parlé.

-Avant de débarquer chez des gens, il faut avertir.

-Je suis venu m’excuser.

Finalement conscient de sa faute, Makasu se rend chez Kepa.

-J’aurais dû t’en parler avant.

-Tu ne le sais peut-être pas. Mais je t’apprécie beaucoup. Je pense même que je commençais à devenir amoureuse.

-Moi aussi, je t’aime.

-C’est une déclaration d’amour ou tu cherches à te faire pardonner.

La remarque de Kepa fait sursauter Makasu. La jeune femme n’a pas tort. Son ami ne s’est pas rendu compte des implications de son aveu.

Une liaison avec Kepa couperait court à toute tentative auprès de Tshibo. Et le tout, à deux mois de la naissance de son premier enfant. Ça fait désordre.

L’enseignant est confus. Il a du mal à se l’avouer mais l’annonce et la conduite de Washington tout à l’heure au Café Klub l’ont bouleversé. Il ne s’y attendait pas.

C’est finalement en larmes qu’il raconte toute l’histoire à Kepa.

-Tu l’aimes toujours.

Le regard attendrissant de Kepa oblige Makasu à le reconnaître.

-Oui. Je pense que je l’aime encore. Mais comment l’as-tu deviné ?

-J’ai vécu trop de choses horribles dans ma vie pour ne pas savoir reconnaître l’amour.

«Comme un duel
Dos à dos et sans merci
Tu as le choix des armes
Ou celui des larmes
Penses-y
Penses-y
Et conçois que c´est à la mort à la vie…»

Kepa se met à fredonner un air que Makasu ne connaît pas.

-C’est quelle chanson, ça ?

Quoi» de Jane Birkin.

-Birkin ? La compagne de Gainsbourg ?

-C’était aussi une chanteuse. Écoute «Quoi», ça va te faire réfléchir.

-Je n’ai pas envie de pleurer.

-En tout cas, tu as le choix.

-Mais quel choix ?

-Entre les armes et les larmes.

4 comments

comments user
Sieza Kuéla Angelique

Merci beaucoup pour le partage. Très bel épisode.
Je ne sais pas à quel jeu joue Masuka…mais, il doit prendre du recul pour mieux apprécié tout ça…il se retrouve au centre d’un triangle constitué de trois guerrières.

    comments user
    Joël Bofengo

    «Un triangle constitué de trois guerrières.»
    Vous me donnez des idées de titre, chère Kuéla.
    Merci.

      comments user
      Sieza Kuéla Angelique

      J’en suis ravie, mon ami.

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