Comment s’appelle le bébé ?
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-Excusez-moi. Je viens voir une dame qui vient d’accoucher.
-Désolé, monsieur ! Ce n’est pas l’heure de visites.
-Je suis le papa du bébé.
-Ah ok ! Prenez ce couloir jusqu’au bout. Ensuite, montez les escaliers. Au deuxième niveau, vous trouverez une dame habillée comme moi. Donnez-lui le nom de la maman. Elle vous indiquera la chambre.
-Merci beaucoup !
Il est 15h30 à Kinshasa quand Makasu arrive à la maternité du centre hospitalier Bomoko.
-Monsieur, vous cherchez ?
-Washington ! Heu, excusez-moi ! Mademoiselle Kapinga. Elle a accouché ce matin.
-Excusez-moi, monsieur ! Mademoiselle Kapinga a été admise aux urgences juste après l’accouchement. Vous ne pouvez pas la voir pour le moment.
-Je suis le père du bébé.
-Le bébé est en néonatologie. Vous ne pouvez pas le voir non plus. Seules les mères y ont accès. En revanche, quand il sera 18 heures, vous pourriez parler aux médecins au sujet de la santé de la mère et de l’enfant.
-Elle a repris connaissance ?
-Je ne peux rien vous dire. Je ne suis qu’une gardienne de sécurité.
-Où se trouvent les urgences ?
-C’est dans l’autre bâtiment. Au rez-de-chaussée.
-Merci.
En descendant les escaliers, Makasu croise Tshibo. Tout essoufflée, la jeune femme monte quatre à quatre les escaliers pour apporter un produit que le pédiatre avait demandé pour le bébé.
-Qu’y a-t-il ?
-Je rapporte un produit que le médecin a demandé.
-Il y a un problème ?
-Pas que je sache. C’est un produit qu’on administre aux nouveaux-nés. L’hôpital est censé en avoir mais le stock est épuisé.
Arrivée sur le palier d’escalier, Tshibo s’arrête pour reprendre son souffle.
-Si tu faisais un peu de sport, tu serais plus résistante.
-Tu trouves quand même le moyen d’être drôle. Et, au passage, félicitations !
Les deux jeunes gens se regardent un moment sans rien dire. Depuis leur rupture, ils ne s’étaient plus parlé. Tshibo en avait été meurtrie. Mais elle ne laisse rien transparaître. Makasu voudrait lui parler. Mais il estime que ce n’est ni le lieu ni le moment.
-Attends-moi ici. Je remets le produit au médecin.
Quand elle finit par rejoindre Makasu qui l’attendait au pied du bâtiment où se trouve la maternité, Tshibo a la mine sombre. L’enseignant le devine aussitôt. Elle doit avoir appris une mauvaise nouvelle.
-L’enfant va bien ?
-Oui. Mais ce n’est pas le cas de la mère.
-Qu’est-ce qu’elle a ?
-Elle n’a toujours pas repris connaissance. Le pédiatre a fait un tour aux urgences pour s’enquérir de son état. Il est très inquiet. Il me demande d’appeler ses parents, vu que vous n’êtes pas mariés et que vous n’êtes pas en relation non plus.
-Fais comme ça.
Tshibo prend Makasu par la main.
-Cette situation doit te paraître très étrange. Mais je ne t’en veux pas. Et pour tout te dire, je ne pense pas à nous. Le seul sentiment qui me traverse en ce moment, c’est la tristesse. Je suis triste pour mon amie. Elle attendait son bébé avec une telle impatience. Et là, elle ne peut même pas le porter.
-Tu es une excellente amie. Je peux en témoigner. C’est tout ce qui compte.
Tshibo lâche la main de Makasu et s’éloigne pour parler au téléphone avec le père de Washington.
L’enseignant, assis sur le banc en bois qui accueille les personnes qui attendent l’heure de visites, est absorbé dans ses pensées.
La phrase revient sans cesse dans son esprit. Washington va-t-elle guérir ?
«C’est une femme forte. Elle va s’en sortir», se répète-t-il intérieurement pour se convaincre que la mère de son enfant va se remettre sur pied pour élever leur fils.
-Ma fille a accouché et je suis le dernier à le savoir. C’est quelle histoire ça ?
Les vociférations du père de Washington sortent Makasu de sa rêverie.
-Toi, tu savais qu’elle était enceinte ?
-Je te l’avais dit dix fois depuis qu’on a quitté la maison. Elle n’en a parlé à personne.
L’arrivée des parents de Washington prend Makasu par surprise. Il ne s’y attendait pas. S’il est arrivé à l’hôpital dans l’après-midi, c’était notamment pour éviter cette rencontre.
-Et j’imagine que personne ne connaît le père de cet enfant non plus, lance le père de Washington.
Tshibo qui embrassait la mère de son amie désigne alors Makasu qui s’était levé de son banc.
-Il est là le père de l’enfant.
Après avoir longtemps dévisagé le jeune homme en face de lui, papa Mulamba lui lance :
-Comment s’appelle le bébé ?
Makasu et Tshibo se regardent et baissent la tête en même temps. Les deux savent que Washington n’avait révélé à personne le nom qu’elle comptait donner à l’enfant.
A personne. Vraiment ?
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