Le courage, plus que le talent
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Sur le compte Facebook de mon amie Chanel (FirstLady Chanel Lumbala), j’ai découvert un aphorisme qui m’a fait réfléchir en ce début de semaine. L’affirmation pourrait paraître péremptoire. Elle est surtout vraie : «Il y a plus de courage que de talent dans la plupart de réussite».
Moi j’aurais été encore plus affirmatif que la très réservée et très humble Chanel. Pour moi, en effet, il y a effectivement plus de courage que de talent dans la réussite. Dans toute réussite.
Ce matin, j’ai retrouvé une interview de Jacques Attali publiée en 2021 sur le site Internet de la société «Cadres et Dirigeants Interactive».
L’interviewer demande à l’écrivain : Vous avez été le «premier de la classe» de la terminale jusqu’à Polytechnique… Aviez-vous des facilités ou était-ce surtout du travail ?
Jacques Attali répond : «Aucun talent. Beaucoup de travail. Je n’ai aucun don pour rien : je travaille énormément.»
Je ne sais pas si l’économiste français, ancien conseiller du président Mitterrand, n’a vraiment «aucun don pour rien». Mais je suis convaincu comme lui que c’est le travail qui donne son nom au talent. Par travail, j’entends la volonté et le sérieux que nous mettons tous les jours pour rendre la meilleure copie possible. J’entends aussi par travail, «la capacité à vouloir, à persévérer, à agir, à avoir la ténacité suffisante pour vaincre les obstacles».
C’est cela au fond qui dessine les contours d’une carrière réussie.
«The grit»
C’est ce que les psychologues américains appellent «The grit». Sur son blog, Jacques Attali en a consacré un billet.
Le «grit», c’est la «capacité à s’en tenir à un projet à long terme, malgré les difficultés».
Écrire un livre, faire une reconversion professionnelle, se préparer pour un championnat international, faire de longues études, etc. Tout ce qui demande un investissement personnel sur la durée, une discipline et une exigence de chaque instant fait appel au «grit». Le talent n’y fait rien.
Ne pas renoncer, persévérer, agir avec constance, avancer malgré les épreuves, c’est l’itinéraire d’une vie réussie, c’est-à-dire libre et épanouie. Car pour moi, le but de la vie c’est de rendre les hommes libres. Et réussir, c’est simplement devenir soi, «trouver ce pour quoi on est fait».
Mais, comme l’écrit Xavier Alberti, «la liberté se mérite par la préparation, par la prudence et par la discipline, c’est-à-dire par tout ce qui semble la restreindre et qui pourtant, systématiquement, la précède».
Dès lors, il n’existe pas de liberté sans courage. Le courage d’accepter et d’affronter les épreuves de la vie. Ne jamais fuir, car «fuir ce n’est pas être libre, c’est courir enchaîné».
«Quand j’y pense, écrit encore M. Alberti, le seul fil qui noue nos histoires à travers les générations, à travers le temps et l’espace, c’est celui tissé par les épreuves que nous surmontons.»
Dans «Bilan» de Nèg’Marrons, j’ai entendu pendant ma séance de sport ce matin :
«Maintenant j’comprends Ben-J que quand on était gamin
On avait le même itinéraire mais pas le même destin.»
Ce qui définit notre destin, c’est la force que nous mettons ou pas pour affronter les épreuves. Chacun en vit. C’est une constance de la vie : la mort d’un être cher parti trop tôt, un enfant né malade, un conjoint violent, la maladie incurable d’un proche, une famille aux ressources insuffisantes pour financer ses études, etc.
Affronter l’épreuve
Personne n’y échappe. Ni même ceux que l’on voit au loin et dont se dit qu’ils ont TOUT. Tout le monde connaît des épreuves.
L’épreuve est «une promesse universelle, susceptible de frapper partout, à chaque minute, l’enfant et le vieillard, le noir et le blanc, la femme et l’homme, le riche comme le pauvre».
Nous sommes tous égaux face à l’épreuve :
«L’argent, le pouvoir, le confort, n’y peuvent rien. On n’achète pas la force de surmonter une épreuve, pas plus qu’on ne la soumet, car ce qui se joue dans l’épreuve n’engage rien d’autre que soi, qu’un dialogue avec soi, un dialogue que l’on fait taire le reste du temps, que l’on enferme et qui surgit à la première fissure, à la première fracture, à la première rupture, comme le diable qui jaillit de sa boite.»
Face à l’épreuve, on est seul. Alors intervient LA question : et maintenant, on fait quoi ?
On a le choix. Soit on l’affronte, soit on la fuit.
De la réponse à cette question dépend notre réussite. Et cette réponse, on ne l’apprend pas à l’école. Ni la science ni la fortune ne nous la donne.
C’est le courage. Le courage d’affronter la douleur, le manque, le vide, la faim, la fatigue.
Puisque «fuir la douleur en la masquant c’est à coup sûr laisser croître le mal en silence, en refusant de vivre pleinement, de cheminer, d’affronter ce qui doit être combattu, de corriger ce qui doit être amélioré et de surmonter ce qui ne peut être aplani», nous n’avons d’autre choix que de faire preuve de courage.
Accepter d’affronter la douleur et de dépasser ses peurs, c’est le prix à payer pour devenir véritablement soi-même. Pour être libre. Pour réussir.
Depuis Alfred de Musset, nous savons que «l’homme est un apprenti, la douleur est son maître, et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert».
C’est le courage d’affronter les épreuves de la vie qui nous rapproche le plus de ce que nous avons de meilleur.
Mais le courage n’est pas une donnée innée. Il faut le fabriquer, le cultiver et le développer. «Si l’inné vient de soi ; l’acquis vient des autres.» Être courageux, c’est aussi aider les autres à trouver la force nécessaire pour faire preuve de courage.
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