Passion secrète. Escapade bénitienne
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Le jour où Washington a annoncé à Makasu qu’elle attendait un enfant de lui, ce dernier est allé se plaindre auprès de Libanais de la manière dont la jeune fille s’y est prise.
Libanais reconnaît que l’ex de son ami aurait pu mieux faire dans la forme mais il dit la comprendre. Il explique ainsi à Makasu qu’il est le seul à blâmer dans l’histoire.
-D’ailleurs, je me demande pourquoi je m’adresse à toi. Tu as toujours pris son parti.
-Tu es sérieux ?
-Dis-moi, quand est-ce que tu m’as déjà défendu face à elle ?
-Le travail de l’ami n’est pas de défendre, mais de comprendre, d’aider, de soutenir et d’accompagner.
-C’est votre coach de yoga qui vous l’a appris ?
Libanais reste interdit. Il n’en croit pas ses oreilles.
Depuis la fin du mois de novembre, il participe à des séances de yoga à GB. Mais il n’en a jamais parlé à Makasu. Il redoutait sa réaction car Washington prend également part à ses séances.
-Tu pensais que je ne le saurais pas. A Kinshasa, on ne cache jamais rien.
Quand il sortait avec Washington, Makasu reprochait à sa compagne une trop grande proximité avec Libanais. Il lui reprochait notamment d’inviter, un peu trop à son goût, son ami à son appartement pour jouer au scrabble. Jeu que Makasu voue aux gémonies mais que son ami et sa compagne classent parmi leurs divertissements préférés. En plus du scrabble, les deux sont des férus de l’exercice physique. Il leur arrivait souvent d’aller courir ensemble sur l’avenue qui longe le fleuve Congo, derrière la Primature. Makasu n’acceptait pas de se joindre à eux, malgré l’insistance de sa compagne. Mais ces escapades lui restaient au travers de la gorge.
Les deux amis n’en avaient jamais parlé. Mais la jeune femme s’en était ouvert un jour au commerçant.
20 décembre 2019
Alors que Libanais embrasse sa compagne venue l’accompagner à l’aéroport de Ndjili pour prendre son vol, il voit Washington descendre d’un bel SUV noir.
-Hey, les amoureux ! Ça va ?
-Salut ma belle. Tu vas où comme ça ?
-Je vais fêter à Goma.
-Donc, vous vous êtes entendus pour aller fêter ensemble ?
-Chérie, moi je vais à Beni. Elle, à Goma.
-C’est un peu pareil, non ?
-Tu devrais réviser ton cours de géographie. Dommage que ni mon ami Makasu ni sa chérie ne donnent ce cours.
Goma et Beni sont certes deux villes différentes. Mais Etoile d’État a visé juste en évoquant la possibilité pour Libanais et Washington de passer les festivités de fin d’année ensemble.
Les deux embarquent dans le même vol de la compagnie CAA. A Goma, Washington descend pour aller rejoindre ses sœurs et son père qui l’attendent à la sortie de l’aéroport. Libanais embarque dans un autre appareil pour aller jusqu’à Beni. Ils s’embrassent sur le tarmac. Chacun souhaite à l’autre de passer de bonnes fêtes.
-Amuse-toi bien !
-Si mon père me fait trop chier, je te rejoins à Beni pour fêter.
-Ce sera avec plaisir ! Je serai logé à l’hôtel Albertine.
-C’est noté.
C’est donc sans grande surprise que Libanais découvre Washington, bagages en mains, devant la porte de sa chambre, la veille de Noël.
-Ça s’est mal passé avec ton père ?
-Très mal ! J’étais à deux doigts de le tuer cette fois.
-Arrête de parler de la mort. On est à la veille de Noël.
C’est autour de la piscine de l’hôtel Albertine que les deux vont réveillonner, verres de vin à la main. Un petit groupe de musique de Beni interprète des classiques de la chanson congolaise. Un buffet est servi.
Après avoir longuement parlé de son père et des relations difficiles qu’elle entretient avec lui, Washington lance à Libanais :
-Je peux te poser une question ?
-Bien-sûr !
-Est-ce qu’il arrive que Makasu te parle de moi ?
-Non. Sinon pour me relater vos sorties en boite de nuit ou certains de vos désaccords.
-Il n’aime pas nous voir ensemble.
-Ah bon ! Quand nous allons courir ensemble le samedi après-midi, il n’est pas d’accord ?
-Pas du tout !
-Il ne me l’a jamais dit. J’imagine qu’il n’apprécie pas non plus nos parties de scrabble ?
-Il faut voir la moue qu’il fait quand il en parle. Dans sa bouche, c’est plutôt : «Vous avez fini votre partie de jambes en l’air ?». Je sais qu’il ne nous soupçonne pas de baiser. Mais c’est tout comme.
Washington aime partager ses passions avec son entourage. Elle a longtemps tenté de convaincre Makasu de se mettre au sport ou de faire quelques parties de scrabbles. En vain.
-Tu es prof de français. Pourquoi as-tu peur du scrabble ?
-Je n’ai pas peur de jouer au scrabble. Ou si tu veux, je n’ai pas peur que tu me battes au scrabble. Mais ça ne m’intéresse pas.
La jeune femme a abdiqué, profitant de la disponibilité de Libanais pour partager sa passion avec quelqu’un de familier.
-Tu sais quoi ? J’ai rapporté un jeu de scrabble dans mes bagages.
-Non !
-Beuh, si ! Tu veux qu’on aille jouer dans ma chambre ?
-Attends ! Je prends une bouteille de vin. On va jouer en buvant. Ce n’est pas interdit, j’espère. Ce n’est pas comme boire ou conduire…
Il est 3h30 quand Libanais et Washington commencent leur première partie dans la chambre du premier.
C’est ce souvenir-là qui revient à l’esprit de Libanais quand Makasu lui lance : «A Kinshasa, on ne cache jamais rien». Son ami sait-il quelque chose de l’escapade de Beni ?
Lui n’en a jamais parlé. Ni à Makasu. Ni à Étoile d’État. Il connaît suffisamment Washington pour savoir- sans même lui poser la question- qu’elle non plus n’en a pas parlé.
D’ailleurs, les deux ne sont jamais revenus sur cet épisode.
Ils ne sont pas rentrés à Kinshasa ensemble. Le 2 janvier, après avoir accompagné Washington à l’aéroport de Beni pour prendre son vol, Libanais s’est rendu à Kasindi, à la frontière ougandaise, pour acheter sa marchandise.
Ils se sont revus à la fin du mois de janvier au domicile de Makasu. Ce dernier, comme il le fait souvent, avait invité Libanais et sa compagne à partager un repas. Alors qu’elle n’aime pas beaucoup passer du temps dans cette maison, Washington était présente.
Beaucoup de boissons. De la bouffe. De la musique de Koffi Olomide. L’ambiance était bonne autour de la table.
Ce jour-là, pas un mot sur le dernier voyage de Washington et Libanais à Goma et Beni. Même lorsqu’ils se sont retrouvés à deux dans la maison, Makasu et Étoile d’État partis chercher de la boisson, personne n’a évoqué le réveillon de Noël. Comme s’ils s’étaient passés le mot : «Ce qui se passe à Beni reste à Beni».
Les deux continuaient pourtant à jouer au scrabble et à faire du sport ensemble, comme auparavant. Jusqu’à la séparation de Makasu et Washington. Sur demande de sa compagne, Libanais n’allait plus chez l’ex de son ami et ne l’invitait plus à aller courir le long du fleuve.
Mais c’est une autre passion qui les a à nouveau réunis : le yoga. Passion secrète. Aucun des deux n’a révélé à son entourage qu’il participait depuis la fin du mois de novembre 2020 à des séances de yoga dans un local qui jouxte le supermarché Shoprite à GB.
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