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Non. Le 8 mars n’est pas une fête

Non. Le 8 mars n’est pas une fête

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Ce billet a été initialement publié le 11 mars 2017 sur mon précédent blog «Joël raconte sa curiosité». Je l’ai légèrement amendé en ajoutant plus d’éléments de contexte tirés des publications de presse de la même année.

Que célèbre-t-on le 8 mars ? Cette date fait partie de la liste des 81 journées internationales reconnues ou initiées par les Nations unies. Sur le site Internet de l’ONU, on peut ainsi lire que l’Organisation des Nations Unies a commencé à célébrer la Journée internationale des femmes le 8 mars en 1975. Dans certains pays comme la France, on a adopté l’appellation : «Journée internationale des droits des femmes». Puisque c’est de cela qu’il s’agit.

Depuis quand est-il question de fête ? Je l’ignore. Ce que je sais, en revanche, est que cette journée est devenue une vraie opportunité commerciale. Et je le déplore.

Cette semaine, un contact m’a fait parvenir par Whats’App une annonce d’un restaurant que je fréquente à Kinshasa. C’est une affiche sur laquelle on voit la photo de la patronne du restaurant accompagnée d’un message dans lequel il est notamment écrit : «Du 06 au 12 mars, Semaine de la femme».

Le texte qui suit est aussi déconcertant qu’écœurant. Il y est dit que «pour rendre honneur à nos mamans, nos femmes, nos filles» le restaurant invite ses clients à «sa foire culinaire pour venir déguster différentes spécialités». L’annonce précise qu’une réduction sera accordée sur le total de chaque facture.

Et pour bien faire savoir qu’il s’agit bien du 8 mars, la mention «Bonne fête à toutes les femmes !» clôture l’annonce.

Ce qui était au départ une journée destinée à mettre en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes s’est donc transformé en fête où tout est fait pour consommer et faire consommer.

Et le phénomène n’est pas uniquement congolais.

Un article publié sur le site Internet de France Télévision révèle que plusieurs sites et internautes ont dénoncé les campagnes qui font du 8 mars un argument de vente.

«Plusieurs marques ou institutions profitent de la Journée internationale des droits des femmes, mercredi 8 mars, pour lancer des promotions ou des campagnes de publicité ciblant les femmes», lit-on dans l’article.

A l’occasion du 8 mars, des magasins de lingerie ont ainsi proposé pour «un soutien-gorge acheté, une culotte offerte». Une offre moquée sur les réseaux sociaux.

A en croire le média, l’association «Osez le féminisme !» a lancé, pour la deuxième année consécutive, un \ »concours d\’arnaques sexistes\ » sur sa page Facebook. Les internautes peuvent envoyer par mail des exemples de campagnes qu\’ils jugent déplacées pour \ »dénoncer l\’instrumentalisation\ » de cette journée.

Dans un autre article publié par L’Obs sur le même sujet, le média fait une capture d’écran d’une publication de «20 minutes» où on apprend que la ville de Bordeaux a proposé aux femmes des places gratuites pour aller suivre un match de rugby opposant deux équipes…d’hommes.

Mais comme le rappelle le site Internet 8mars.info, «le 8 mars n’est pas une fête ni un hommage, mais une journée de lutte pour les droits des femmes». L’article intitulé «N’offrez pas de fleurs» commence ainsi :

«Messieurs, ne confondez pas avec la Saint Valentin ni avec la fête des mères ! Le 8 mars n’est pas une fête ni un hommage, mais une journée de lutte pour les droits des femmes. Ce n’est vraiment pas un jour pour offrir des fleurs, des produits de beauté, de la lingerie, de l’électroménager ou des promotions shopping… Au contraire, sortez des stéréotypes !»

Ce n’est donc pas l’occasion d’aller avec sa compagne au concert de Koffi Olomide ou de Fally Ipupa. Allez au concert puisque vous en avez envie. Le 8 mars ne doit pas en être la raison. La journée n’a pas été créée pour ça. Elle n’a pas non plus été pensée pour vous aider à vous procurer des pagnes gratuitement. Alors, chères dames, demandez aux entreprises et à l’administration publique d’épargner leurs ressources au lieu de les gaspiller pour des mauvaises raisons. L’année prochaine à la même période, j’espère que j’écrirai un billet pour vous féliciter parce que vous aurez boycotté tous les commerces qui ont tenté de se faire de l’argent au nom du 8 mars. Dites-leur de se trouver «une journée internationale du shopping».

Illustration : une manifestation organisée à Kinshasa le 8 mars 2017 à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. PHOTO RADIO OKAPI/JOHN BOMPENGO

6 comments

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Tania Mulenda Bofengo

J’espère qu’un jour les femmes le comprendront. Merci.

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    joelbofengo

    Heureusement que des femmes comme toi prennent de plus en plus d’espace et de notoriété dans notre société. Vous montrez la voie aux plus jeunes. Continuez !

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JulioKab

C’est quasiment devenu une journée des pagnes

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    joelbofengo

    Cher Julio, le leader d’opinion que tu es désormais peut aider à faire évoluer les mentalités.

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Sifa Maguru

Tout a fait, je pense que cet aspect mal compris devrait également constituer une lutte en amont, au même titre que pour les inégalités vis à vis des hommes et l’accès à tous les droits reconnus a la femme. C’est toute une éducation qui doit être faite à tous les niveau tant pour les femmes que toute l’opinion afin de changer cette manière de voir la journée du 8 mars.

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    Joël Bofengo

    Heureusement qu’on peut compter sur des dames comme toi, chère Sifa.

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